Le bon job n'est pas suffisant. Je peux faire plus. J'entame donc mes études universitaires à temps plein et j'ajoute à mon horaire chargé, un autre emploi dans une discothèque pour couvrir mes frais de scolarité. L'argent coule à flots. 

Chez mon employeur, je gravis rapidement les échelons. Je suis investie et impliquée
dans plusieurs projets en simultanée. La pression et la charge de travail sont considérables mais j'arrive tout de même à atteindre - et très souvent à dépasser - les attentes. La performance est ma meilleure amie.

À la mi-trentaine, j'ai déjà 2 dépressions majeures à mon actif. Je consulte à chaque fois avec l'unique but en tête de guérir physiquement pour retourner dans mon tournis professionnel le plus rapidement possible. Soigner mon être demeure toujours au bas du palmarès.

Sur papier j'ai absolument tout pour être heureuse, mais un vide innommable est omniprésent en moi. Mes fonctions professionnelles ne font plus de sens à mes yeux et je ne vois plus la valeur de ce que je fais au quotidien. Je perds d'ailleurs de vue ma valeur dans cette relation employeur-employée.

Bien involontairement, je mens à mon employeur, qui est toujours satisfait de mon travail, en lui disant que j'adore mon job. Et le pire dans tout ça, c'est que j'en arrive à me croire moi-même.

Les années passent. Ma vie s'écoule, robotisée et totalement déconnectée de mon essence. À la mi-quarantaine, le vide intérieur n'a pas dit son dernier mot. Je frappe le mur de nouveau et je fais officiellement le tour du chapeau.